° Généralité : Luce est issue de la société pauvre d’Albstraum. Elle a baigné durant toute son enfance dans la misère et la soumission aux Vampires. Ses parents, de condition simple, lui ont transmis des valeurs essentielles comme le partage, le sens de la loyauté ou la confiance. Son arrivée à Last Eden n’a pas changé ses traits de caractère. Elle est pourtant devenue une enfant introvertie, timide, et elle le reste encore désormais. Craintive de nature, elle agit comme un animal traqué, se méfiant toujours des inconnus, faisant preuve d’une grande prudence.
Mais avec les personnes qu’elle connait, avec qui elle se sent en confiance, elle peut être d’une grande spontanéité, n’hésitant pas à les apostropher, leur crier dessus ou même les frapper si elle est en colère. Ce qui arrive rarement, la jeune fille étant de nature calme et paisible.
Luce est d’une grande politesse, n’insultant jamais personne, même lorsqu’elle est en proie à de vives émotions. Ses paroles sont toujours courtoises et mesurées. Trop pour qu’elles paraissent vraiment sincères. C’est pourtant sa façon, un peu étrange de s’exprimer. Même avec une personne qu’elle connaîtrait depuis plusieurs années, elle continuerait à garder le même langage lisse.

Depuis son arrivée à Last Eden, Luce s’est ouvert à la nature du Jardin. Elle a acquis un profond respect de toutes les créations de Gaïa, assimilant parfaitement les discours des Prophètes. Ainsi, elle est devenue végétalienne. Elle ne mange ni viande, ni poisson, évitant tout les produits issus de produits de synthèse. Ayant acquis un profond respect de tout être vivant, même des plus monstrueux, elle croit en Gaïa, en cette mère nature qui est à la source de tout. Luce a un sens indéfectible de la justice. La justice de Gaïa, de la Terre nourricière.

La novice suit les enseignements des Prophètes. Mais elle est rêveuse, indisciplinée. Sa grande mémoire lui permet pourtant de retenir les leçons de ses aînés. Elle est ainsi formatée par leurs discours, elle qui connait si peu de chose, qui est restée cloitrée dans Last Eden depuis l'âge de douze ans. Les Vampires sont donc pour elle des créatures répugnantes, damnées, qu’il faut renverser pour que les Hommes reprennent leur liberté. Elle rêve d’un monde libre en harmonie avec la nature, semblable à Last Eden, mais sans les effets des mutations.
Elle-même chérit sa liberté, les conditions de vie dont elle bénéficie dans le Jardin. Mais la mutation est un élément qu’elle n’arrive pas à accepter.

Elle n’a jamais connut l’amour et ne pense jamais le connaître. Ses sentiments se limitent à une forte amitié, indéfectible et éternelle. Mais cela n’ira jamais au-delà. Naïve, elle ne sait pas percevoir les désirs malsains ou la méchanceté des autres, se contentant d’imposer une distance de sécurité à tout le monde.

° Aime / Déteste : Ce que la jeune fille aime le plus reste sa famille, celle qui l'attend jour après jour à Albstraum. Elle pense très souvent à elle, à son père, sa mère et son grand frère, chérissant les souvenirs qu'elle a de sa vie avec eux. Mais elle a aussi réussi, au fil des années passées à Last Eden, à trouver de nouveaux compagnons, des amis chez les Prophètes. Luce adore l'eau en général, et ce depuis toute petite, sa mutation et ses pouvoirs n'étant pas dues au hasard. C'est l'élément qu'elle préfère pour sa pureté et sa vitalité. C'est ainsi qu'elle adore la pluie. Elle regrette d'ailleurs cette météo si particulière lorsqu'elle se trouve à Last Eden.
La jeune Novice apprécie également son jeune renard aquatique. Elle l'a sauvé de la noyade alors qu'il s'était coincé dans des branchages. Depuis, la petite créature la suit quasiment partout où elle va, sauf lorsqu'elle sort de Last Eden. Luce l'a nommé "Pan", elle a développé avec lui une relation complice qui lui a permis de s'adapter à son nouvel environnement.

L'apprentie prophète s'adonne avec plaisir aux activités manuelles comme la couture ou la cuisine. Elle troque beaucoup de choses contre des vêtements ou des algues qu'elle parvient à cueillir à grande profondeur. D'une certaine façon, elle aime être utile à la communauté, s'intégrant peu à peu au système de Last Eden. Elle a appris à s'ouvrir à la nature et aime le calme ou l'énergie bouillonnante qui se dégage dans certains endroits du Jardin. C'est devenu sa maison, une maison qu'elle apprécie et qu'elle souhaite protéger.

En contre partie, Luce déteste secrètement le sort réservé aux Prophètes. Elle hait les mutations entraînées par la poussière du Jardin, aussi bien sur son propre corps que sur le corps des autres. La jeune fille ne comprend tout simplement pas pourquoi les prophètes doivent payer le prix de leur humanité pour défendre Gaïa. Elle en veut aux Vampires de les pousser dans ces extrêmes, de faire peser un tel joug de pauvreté et de terreur sur les Hommes. Elle n'en a jamais rencontré, mais les histoires qu'elle a entendu sur eux lui suffisent pour en avoir peur et les craindre. De nature pacifiste, Luce n'aime pas se battre. Elle a pris néanmoins la décision d'apprendre à contrôler son pouvoir et à se défendre pour ne dépendre de personne.
De façon antagoniste à ses propres facultés, elle nourrit une répulsion pour le feu et la chaleur, préférant l'humidité et le froid.

Elle n'aime pas les produits alimentaires de synthèse de Albstraum, refusant désormais d'en manger. Il en est de même pour les tenus synthétiques qui provoquent des démangeaisons et des allergies sur sa peau.

° Sociabilité : Luce est de caractère réservé et timide. Elle se sent vite mal à l'aise avec des inconnus, ne se dévoilant vraiment que devant les personnes de son entourage. Pour un individu lambda, la jeune fille apparaît comme quelqu'un de polie, de bien élevée et de peu bavard. Elle se cantonne au rôle qu'on attend d'elle et ne prend aucune initiative. Pourtant elle peut faire preuve d'une incroyable spontanéité. Lorsqu'elle est emportée par des élans de sensations, elle ne contrôle pas vraiment ses actes et agit sur des coups de tête. Mais avec ses proches, elle devient plus loquace, aimant plaisanter et rire. Elle agit de façon naturelle, franche dans ses rapports. Bien qu'elle ne soit pas une grande bavarde, elle apprécie la compagnie et ne fuit pas les autres Prophètes. Elle est cependant facilement impressionnée par ceux dont la mutation est clairement visible, ainsi que par les Vampires de façon générale.
Luce n'accorde pas sa confiance facilement et il faut être patient pour lier une relation avec elle. Il faut savoir l'appâter, la rassurer, la toucher pour qu'elle accepté de se dévoiler un peu. Elle est un peu comme un animal sauvage qu'il faut apprivoiser.

Petite silhouette blanche encapuchonnée qui se tient au milieu des hauts immeubles gris, se dressant dans le quartier pauvre comme des grands pères rongés par la maladie. Les pupilles d’un bleu pur guettent le moindre mouvement à la fenêtre du troisième étage. La petite silhouette attend, sous la pluie, bousculée par la foule des travailleurs et des mendiants. Suspendue au voilage blanc. Elle ne partira pas. Pas avant de les avoir vu, de savoir qu’ils vont biens. Elle rabat un peu plus sa capuche sur sa tête, dissimulant ses cheveux d’un bleu azur.
Tu crois qu’ils sont là ? Qu’ils vont regarder ?
Gaïa, fais qu’ils soient là. Tous.
Gaïa … je t’en prie. Je t’en supplie.
Fais que je puisse les voir.

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Albstraum. Ville monstrueuse et dévorante, au modernisme annihilant l’humanité des hommes.
Albstraum. Terrain de jeu pour des enfants innocents.
Luce courait, dans sa robe trop petite pour elle. Elle se faufilait entre les mendiants, les voleurs, les dealers et les toxicomanes, insaisissable. Petite fille qui trébuche, retrouve l’équilibre au dernier moment et continue de poursuivre une ombre. Issac ne l’attendait pas. Comme toujours, son frère filait, loin devant elle, son pantalon troué de partout, un sale sourire espiègle sur les lèvres. Il criait dans son enthousiasme, atteignant enfin le passage convoité.
- Allez Lou, dépêche-toi !
Mais elle se dépêchait déjà, courant à perdre haleine. Ses jambes trop petites pour suivre celles de son frère aîné. Elle savait pourtant que le temps leur était compté. Leurs parents rentreraient d’ici deux heures de leur travail et les deux enfants devaient impérativement être rentrés avant. Issac l’attendait déjà, devant la bouche d’égout, dans la petite impasse, loin de l’agitation du quartier pauvre.
- T-tu veux … vraiment … y aller … I-isaac ?
Tordue en deux, les mains sur les genoux, Luce reprenait son souffle. A douze ans, elle suivait son grand frère comme son ombre, vouant pour lui une admiration sans borne, les deux enfants étant très liés. Alors, lorsqu’il lui avait parlé d’une expédition dans les sous sols d’Albstraum, elle avait dit "oui" naturellement. Sans réfléchir. Mais alors que le trou noir s’ouvrait devant ses pieds, la petite fille hésitait. Mais Isaac n’hésitait pas lui, bien trop fougueux pour se poser la moindre question.
- Bien sur que je veux y aller. Je vais pas laisser une telle aventure me passer sous le nez.
- Mais Papa a dit que c’était dangereux.
Point sur les hanches, l’aîné de la famille Alister souriait. Lui n’avait peur de rien. Son cœur consumé par l'excitation, il se sentait invincible.
- Ben oui, c’est pour ça que c’est une aventure ! J’ai entendu parler d’araignées géantes, de plantes carnivores, de poissons cannibales … Le garçon rigola en voyant la tête effrayée de sa sœur, avant de lui poser la main sur l’épaule. Froussarde va ! Allez, tu n’as pas de soucis à te faire. Je te protégerai, compte sur moi.
Clin d'œil complice et crâneur. Il commença à descendre par l’échelle de la bouche d’égout, allumant la lampe torche qu’il avait emporté pour l’occasion. Luce le regarda disparaître avec anxiété dans l'immonde trou noir, elle n’aimait pas quand il se moquait ainsi d’elle.
- Isaac ? Longues secondes de silence.
- C’est bon Lou, tu peux descendre.
Alors sans s’appesantir plus longtemps sur sa boule au ventre, sur son mauvais pressentiment, la petite fille suivit son frère. Lui faisant une confiance aveugle. Il avait dit qu’il la protégerait. Il le ferait. Isaac tenait toujours ses promesses.

Le rayon de lumière blanche trouait les ténèbres de ces galeries souterraines. L’humidité chuintait de partout, rendant le sol glissant et incertain. Luce se serra un peu plus contre son grand frère, le suivant de près, lorsqu’elle entendit un bruit venant de se droite.
Courage, courage !
Isaac ne semblait même pas connaître la peur, avançant, le regard déterminé. Il souriait même, véritable conquérant d’un territoire jusque là inconnu. Il se prenait pour un grand aventurier, un explorateur de renom à la recherche de trésor qui ne craignait rien ni personne. Imagination folle et débridée. Qui ne collait pas avec la réalité dangereuse. Il plissa les yeux, distinguant au bout de la galerie une lumière. Sans se retourner vers sa sœur, l’adolescent se mit à courir, souriant un peu plus à chaque pas qu’il faisait. C’était ça l’aventure, la vie, et non pas celle qu’on lui promettait à la surface. Il déboucha dans une grande salle, bien plus grande que le minuscule appartement qu’ils habitaient, éclairée d’une lueur verdâtre émanant des murs même.
- Alors Lou, tu trouves pas ça trop cool ? Tu regrettes toujours d’être venu avec moi haha ? Rigolant, il se tourna vers sa cadette, se prenant dans le ventre son petit poing dévastateur. Il plissa les yeux sous la douleur, c’est qu’elle frappait fort quand elle voulait… Hé, mais qu’est ce que tu fous ?
- Ne me laisse plus derrière toi, idiot ! Je te rappelle que c’est toi qui a la lampe torche, j’aurais pu glisser, me faire dévorer par un monstre ou je ne sais quoi !
A la limite des larmes, partagée entre la peur qu’elle venait d’avoir ou sa rage, Luce frappa encore le torse du garçon. Isaac l’arrêta en lui passant la main dans ses cheveux bruns, toujours souriant.
- J’mexcuse, ça va ? Je le referai plus. Il la regarda reprendre son calme et des couleurs, hochée la tête en lui faisant toujours une mine furieuse. Espiègle et taquin, il rajouta avec désinvolture ; Tu peux même passer devant si tu veux. J’te laisse ouvrir la marche.
- NON !
Elle lui remit la lampe torche entre les mains, et les deux enfants, se chamaillant toujours, reprirent leur exploration. Sans penser que leurs cris puissent troubler l’apparente tranquillité des lieux. Sans sentir dans leur dos les yeux aveugles qui les suivaient.

Lorsque le dévoreur passa à l’attaque, un vent de panique souffla dans l’esprit de Luce. Il était rapide, immonde et se précipitait sur eux, avec ses longs doigts tentaculaires. Alors que la petite fille voyait la créature monstrueuse se diriger vers elle, elle resta sans réaction, ses jambes tremblantes refusant de lui obéir. Le dévoreur lança ses droits crochus à l’attaque, dans l’espoir de briser le petit cou gracile, mais ses griffes se refermèrent sur du vide.
- Reste derrière moi Lou !
L’enfant, à terre et sonnée, poussée violemment par Isaac le regardait s’interposer entre elle et le monstre. Le dévoreur, se repérant grâce à l’ouïe, se jeta sur le garçon, celui esquivant une fois avant de se faire attraper, les longs doigts tentaculaires l’étranglant sans qu’il n’ait aucune chance de résistance. Il manquait d’air, sa vision de brouillant, lorsque … « BOUM ». Luce assomma la créature monstrueuse à l’aide d’une pierre qu’elle venait de ramasser. Le dévoreur, desserrant sa prise, tomba à terre, raide mort.
Les deux enfants le regardèrent quelques secondes, en silence. Pour être certain qu’ils ne bougeraient plus. Avant de se jeter dans les bras l’un de l’autre, tremblants.
- Tu… tu n’as rien Isaac ?
- Non, mais attends… chut, tais toi!
D’autres bruits venaient de la galerie qu’ils avaient empruntée. Et sans, échanger de paroles, la même idée s’instilla en chacun des deux enfants : les dévoreurs ne vivent pas seuls. Se tenant la main, ils se mirent à courir dans les galeries humides, s’orientant à la lueur verdâtre qui émanait des murs. Leur cœur tapait contre leur cage thoracique alors qu’ils ne cessaient d’accélérer, dans l’espoir fou de semer leurs poursuivants. Les galeries se suivaient, successions de croisements et de longs couloirs glissants. Les deux enfants finirent par déboucher dans une salle haute de plafond, dont les murs étaient couverts de végétaux. Une impasse. Leur tombe à tout jamais. A moins que …
- Lou, glisse-toi là dedans !
Isaac lui désignait un boyau étroit, se faufilant entre deux failles du mur de pierre. A peine assez large pour qu’elle puisse l’emprunter. Beaucoup trop petit pour l’aîné de la fratrie.
- Allez dépêche toi.
Il la poussa vers le passage, surveillant du coin de l’œil l’entrée de la salle. Attrapant sa lampe de torche, comme s’il s’agissait d'une arme, il restait droit, le sang battant à ses tempes. Luce, à genoux devant le passage, le regardait, le cœur si serré qu’il en devenait douloureux.
- Mais et toi ?
- C’est bon, t’en fais pas pour ça. Et laisse-moi tenir ma promesse.
Il tourna son visage vers elle, s’obligeant à sourire et à lui faire un signe de tête encourageant. La petite fille, le cœur lourd, incapable de prononcer le quelconque mot, commença à se glisser dans le boyau, s’écorchant les genoux et les coudes contre la pierre froide.
Derrière elle, Isaac se tenait prêt dans le silence le plus complet.

Le passage devenait de plus en plus étroit, Luce fut obligée de s’allonger et de ramper les derniers mètres, retenant à grande peine son angoisse. Elle n’entendait rien, mis à part, le sang battant à ses tempes. Jusqu’à arriver au bout de l’interminable boyau. L’enfant resta agenouillé à terre, le souffle court par ce qu’elle découvrait devant ses yeux. Une grotte immense baignée dans une lumière bleue. De l’eau s’écoulait partout, créant des bassins naturels. La petite fille se releva lentement, se croyant dans un rêve ou au paradis. Elle n’avait jamais imaginé qu’un tel lieu puisse exister, habitué au béton et à la modernité de Albstraum. C’était fou, féérique. Ce paysage magique lui fit tout oublier l’instant de quelques secondes, à moins que cela soit des minutes. Elle s’avança un peu plus, prise dans une sorte de transe, comme si elle évoluait dans un rêve. Tout ceci était vraiment réel ? C’était impossible…
- Hé toi !
Luce tourna la tête vers la voix qui résonnait dans la grotte. Elle sursauta en s’apercevant qu’il y avait quelqu’un. Un être qu’on ne pouvait qualifier d’humains, mais qui n’était pas non plus un monstre. Il s’avançait vers elle. L’enfant pris peur, surprise dans un lieu où elle ne devrait pas être, seule. Alors, sanas réfléchir, elle tourna les talons, se remettant à terre et réempruntant le passage.
- Attendez, je ne…
La jeune fille n’entendit pas le reste, se glissant dans la faille étroite. Malgré les consignes d’Isaac, elle fit demi-tour, son cœur battant à tout rompre. Des choses se cachaient dans les sous sols d’Albstraum, des choses qu’il ne fallait ni réveiller, ni rencontrer.
Elle arriva finalement dans la grande salle où elle s’était séparée de son grand frère. Isaac était toujours là, gardant un silence complet, avec sa lampe torche dans les mains. Les dévoreurs ne l'avait pas retrouvé, perdu dans un monde de silence. Ils avaient laissé s'échapper leurs proies. Luce se faufila hors du boyau, attirant son attention. Il la regarda, si surpris qu’il en oublia les dévoreurs.
- Mais qu’est ce que…
La petite fille, tremblante, pris la main de son aîné et le tira vers la sortie. Elle avait oublié les monstres qui les avait attaqués, la vision du Jardin la hantant, comme celle de cet être surnaturel. Issac essaya bien de résister, de lui poser des questions à mi voix, mais Luce semblait absente, continuant à courir à toute jambe. Jusqu’à une sortie providentielle. Les deux enfants revirent enfin la lumière du soleil, encore choqués par ce qui s’était passé dans les souterrains. Ils rentrèrent chez eux. Firent comme si de rien n’était devant leurs parents.
Mais Luce resta muette sur ce qu’elle avait vu, marquée dans le plus profond de son être. Bien plus encore que ce qu’elle ne pouvait l’imaginer.

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- Toc Toc.
Imitations de coups frappées à une porte. Luce, dans son lit, voyait la fine silhouette de son frère se tenir derrière le rideau qui marquait l’intimité de son espace. La famille Alister habitait dans un appartement minuscule, composé de deux pièces, une salle d’eau et le salon-cuisine-chambres.
- Tu peux venir Isaac.
Le garçon souleva le voilage pour passer, remarquant le teint pâle de sa sœur. Elle n’avait rien voulut lui dire sur ce qui s’était passé durant leur séparation et avait prétexté être malade pour ne pas aller chez leur voisine qui leur dispensait quelques cours. Se laissant tomber sur le matelas à même le sol, et aussi sur Luce dans le même temps, l’aîné de la fratrie lui ébouriffa les cheveux, essayant de lui faire perdre sa mine grave.
- T’as bien fait de rater le cours, c’était pourri, vraiment chiant à mourir !
- ISAAC ! Parle correctement !
La voix de leur mère leur parvint du coin cuisine. C’était ça le problème de ne pas avoir de chambre séparé. Adieu l’intimité.
- Oué oué Mam’. Baissant la voix, le garçon se pencha vers sa sœur, emmitouflée dans sa couette, pour lui chuchoter quelques mots, l’air bien plus sérieux. Bon, raconte-moi ce qui s’est passé quand on s’est séparé. T’as pas ouvert la bouche depuis qu’on est revenu, mais regarde on s’en est bien sorti.
- Bien sorti ? Luce désigna le cou d’Isaac, couvert d’une écharpe à cause des traces qu’avaient laissé les longs doigts du dévoreur. Ce dernier se contenta de lever les yeux au ciel, signifiant que ce n’était qu’une broutille sans importance. Isaac … euh … je n’ai pas envi de parler de ça. Le regard évasif, elle se triturait les doigts, nerveuse, murmurant ses paroles du bout des lèvres. Je veux oublier, simplement.
Le garçon la regarda longuement, ne comprenant pas ce qui arrivait à sa petite sœur d’habitude si énergique, qui lui parlait de toute et de rien. Mais il finit par hocher la tête, respectant son choix.
- Ok ok . Je laisse tomber. Mais dans ce cas là, efface cet air sérieux de ton visage et sourit un petit peu.
Il agrémenta ses paroles de chatouilles, provoquant les rires forcées de Luce qui oublia un peu le poids qui pesait sur son cœur. Elle l’attaqua à coups de pied, le griffant légèrement à la joue alors qu’il prenait le dessus sur elle. Comme avant, ils se chamaillaient, se battant à coup de chatouilles et morsures légères. Leurs rires et grognements emplissant la pièce et faisant sourire Nuria Alister.

Tout oublier. Il fallait tout oublier.
Mais c’était impossible.

Les jours passèrent, sans que leur escapade dans les souls sols de la ville n’ait de conséquences. Jusqu’à ce matin là.
- Dit Lou, depuis quand t’as les yeux bleus ?
Phrase anodine d’Isaac pendant le déjeuner. Bombe qui ébranla la jeune fille. Elle se précipita jusqu’à la salle de bain. Ses pupilles avaient viré de couleurs, passant du noisette à un bleu azur. En une nuit. Une seule nuit.
Le lendemain, elle remarqua que c’était au tour de ses sourcils de prendre une étrange teinte bleutée. La petite fille prétextait d’être malade pour garder le lit, pour se cacher des regards de sa famille. Sa panique, son angoisse devant ces transformations incontrôlables ne cessaient de grandir. Et puis, un jour, elle le vit. Silhouette haute, patientant au bas de son immeuble. Un rapide coup d’œil par la fenêtre avait suffit pour que Luce le reconnaisse. Cet être qu’elle avait aperçut dans ce lieu étrange. Tremblante, elle l’ignora, espérant follement que ce n’était qu’une coïncidence, qu’il n’était pas la pour elle, qu’il finirait par s’en aller. Mais l’inconnu ne s’en alla pas, restant là toute la matinée. Jusqu’à ce que Luce déserte l’appartement vide pour descendre le rencontrer. Elle avait la certitude qu’il ne bougerait pas avant qu’elle ne vienne le voir. Et il ne fallait surtout pas que son frère, son père ou sa mère remarque cet étrange vagabond.

Elle avait beau être paniquée, effrayée, elle s’avança vers lui, droite. Le cœur battant à la chamade. Alors il lui expliqua. Tout. Et son monde s’écroula complètement.

Luce pris la décision de partir. Sans dire adieu. Sans informer personne. Elle savait que son frère ferait tout pour la retrouver, rester avec elle et continuer à la protéger. Mais elle ne voulait pas de mutations pour lui, pas lui imposer de quitter leurs parents. Alors, sans un mot, sans un souvenir de sa vie d’avant, la jeune fille, âgée de douze ans, se fondit dans les souterrains de Albstraum, disparut dans Last Eden.

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Le Jardin. Lieu magique et mystérieux, dépassant toutes les prévisions que Luce avait fait. Elle grandit dans cet environnement, enfant timide et perdue, ayant du mal à se faire à sa nouvelle vie et à se passer de sa famille. Mais jamais elle ne revint sur sa décision, ne réapparaissant jamais devant ses parents ou devant son frère.
Ses mutations prirent de plus en plus d’ampleur, sculptant son corps, le rendant dégoûtant aux yeux de la jeune fille. Ses pouvoirs, aptitudes étranges qu’elle eut du mal à accepter, commence à peine à se développer, depuis que Luce a pris la décision d’apprendre à les maîtriser. Elle veut devenir indépendante, rêve de rejoindre Albstraum et d’offrir un nouveau monde à sa famille une fois son apprentissage à Last Eden terminé.

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Le rideau se soulève légèrement. Une silhouette apparait derrière la fenêtre. Le cœur de la jeune Prophète s’emballe en reconnaissant les traits de sa mère. Elle paraît si vieille, privée de ses deux enfants. Luce distingue son père, derrière Nuria, la tenant par les épaules. Lui aussi semble moins fort que dans ses souvenirs. Issac a disparut. Il y a deux ans. Il s’est évanoui dans la nature, personne n’ayant jamais plus entendu parler de lui. Mais Luce sait qu’il est encore en vie, l’espère, prie Gaïa.

Elle frémit en sentant le regard de ses parents se diriger vers elle, rabat le capuchon un peu plus sur son visage et reprend sa marche, comme si rien n’était. Pourtant, derrière l’écran de tissu, elle pleure. La tristesse de les avoir abandonner toujours si présente dans son cœur.

° Votre Pouvoir : La jeune fille maîtrise l'eau. Elle l'utilise, lui donnant des formes au grès de ses envies et de son imagination. Elle rebute pourtant à utiliser ce pouvoir qui l'effraie tout autant que sa mutation. Mais pour se défendre et acquérir son indépendance, elle a fait le choix de s'entraîner et de le maîtriser. Aussi ne cesse-t-elle de faire des efforts pour ne plus dépendre de son maître et des autres Prophètes.
Luce a besoin d'eau pour utiliser son pouvoir. C'est pour cela qu'elle se déplace tout le temps avec une gourde à la taille. Mais lorsqu'elle n'en dispose pas, elle peut toujours puiser sa matière première dans son propre corps ou dans celui d'êtres vivants, vu que l'eau représente la majorité des éléments composant les enveloppes physiques. Cette action nécessite d'elle une force exponentielle avec la quantité d'eau à puiser. Elle n'utilise cette méthode qu'en ultime recours.

- - - Utilisation force Minimale : Utilisation d'un litre d'eau. Exemples : formation de bulles d'eau que Luce peut projeter, ou qu'elle peut utiliser pour étouffer et noyer son adversaire. Elle peut également protéger une toute petite partie de son corps en formant une barrière aqueuse...
- - - Utilisation force Moyenne : Utilisation de dix litres d'eau. Exemples : création d'une sorte de fouet d'eau, d'un bouclier pour la protéger...
- - - Utilisation force Maximale : Utilisation de plusieurs dizaines de litres d'eau. Exemples : formation d'un mur d'eau, d'une vague, d'une bulle englobant toute une personne. Création d'un bouclier aqueux qui la protège entièrement...