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 Judey L. Patmos

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Judey L. Patmos

Dominus Tecum

Dominus Tecum
Judey L. Patmos

Messages : 116
Race : Vampire
Caste : Paria
Métier : Ancien prêtre. Dealer de ce qu'il peut.


Judey L. Patmos Vide
MessageSujet: Judey L. Patmos   Judey L. Patmos EmptyJeu 28 Avr - 21:38

† MON IDENTITE †

 
° Nom : Patmos
° Prénom : Judey Louis
° Surnom :  Judey n'a pas à proprement parler de surnom, mais une multitude de pseudonymes qu'il utilise pour changer d'identité. Il a pour habitude de se faire appeler Jude.

° Date de naissance : 14 mai 1973
° Age Apparent : 32 ans

° Métier : Ancien prêtre et enseignant. Actuellement paria, il vit par de petites arnaques.
° Caste : Paria

° Sexualité : Un peu de tout. Mais un peu seulement.

† MA PHOTOGÉNIE †


° Corpulence : Judey a des allures de grande perche, avec son mètre quatre vingt quinze bien porté. Jadis maigre, il a gagné un peu de muscles en devenant vampire. Les body-buildés d'Albstraum n'ont cependant rien à lui envier. Judey a assez de muscles pour défendre sa carcasse, mais il est encore loin des pectoraux saillants qui déforment le t-shirt.

° Allure : Judey était d'un blanc cadavérique avant de devenir un vampire, et même avant de connaître leur véritable existence. Si bien qu'on le prenait pour une de ces créatures nocturnes avant l'heure. Chose heureuse, il n'a pas blanchi en passant de vie à trépas, et il ressemble maintenant à ses semblables. Ni plus blanc, ni plus bronzé. En réalité, la seule chose qui a changé, c'est une mèche devenue blanche, dans sa chevelure sombre. Judey s'est d'abord acharné à la couper, puis il a abandonné, voyant que c'était sans effet. Elle est maintenant cachée sous son épaisse tignasse. Heureusement, c'était une mèche du dessous.

Ses yeux sont verts, tendant vers l'émeraude lorsqu'il est contrarié. En y regardant bien, on distingue de petites taches brunes dans l'iris. Judey sait avoir un regard intense aussi bien que perturbant, dérangeant. Quand il le faut, il en profite. S'il faut intimider, il saura le faire, et son regard froid ne sera qu'un détail face à sa haute taille.

Judey a l'habitude d'avoir une allure noble, et plutôt paisible. Ses colères sont rares, et tout ce qui ne le prend pas par les sentiments le laisse de marbre. Autrement dit, il a généralement l'allure de quelqu'un d'assuré et de digne, le dos droit, la tête haute, le regard fixe.


° Goûts vestimentaires : Pour passer du côté obscur d'Albstraum, Judey a troqué sa bonne vieille soutane contre des vêtements plus résistants à la vie dans la ligne de ceinture. Inutile de chercher des couleurs claires, Judey n'en porte pas. Il préfère les vêtements couvrants, même par jour de beau temps. Un pantalon de toile ou un jeans font l'affaire, ainsi qu'un simple haut, à manches longues de préférence.

° Signe distinctif : Comme tous les prisonniers d'Aanor, il a un tatouage dans sa nuque, qu'il cache par ses cheveux. Depuis qu'il a été vampirisé, il se distingue par sa longue mèche blanche dans la nuque, légèrement à droite. Mais elle est le plus souvent masquée par le reste de ses cheveux. Il a sur son bras droit d'anciennes traces de brûlure.

† RAPPORT DE PSYCHOLOGIE †


° Généralité
A décrire Judey, on pourrait le prendre pour un associable. Insensible, manipulateur, fraudeur, il n'a pas grand atouts dans la vie sociale. Pourtant, il n'est pas toujours désagréable. Seulement, il le fait en y calculant ses intérêts. Judey agit pour lui, et uniquement pour lui. Il n'a jamais appris à le faire dans l’intérêt des autres, et s'il a tenté parfois, il n'en est pas ressorti convaincu.

Même s'il est un homme de Dieu, il n'a que faire de la bonne morale, et d'aider son prochain. Au contraire, il jouit du malheur des autres, et déteste les voir heureux. D'ailleurs, il agit généralement dans ce sens. Pendant longtemps, sa vie a consisté à manipuler les autres afin de les rendre malheureux, tout en faisant semblant de les aider. C'était son jeu préféré, et il s'est fini avec la guerre et son déménagement précipité.

Et pourtant, Judey peut paraître, dans ses bons jours, quelqu'un d'agréable, de souriant, de généreux. Ne vous détrompez-pas, il ne cherche qu'à gagner votre sympathie. Judey a rapidement compris qu'avoir des alliés, c'était aussi important, surtout quand on mène une vie instable. Alors il sympathise à droite à gauche, afin de récolter des voix. Mais il n'a pas peur non plus de se montrer désagréable quand l'envie l'en prend, juste pour le plaisir de rendre malheureux, ou parce qu'il s'est levé du pied gauche.

S'il a perdu ses illusions, il n'en est pas de même de sa croyance et de ses convictions. Judey est emprisonné par sa foi, et vit à travers elle. Il ne peut passer un jour sans prier, et pourtant il est à l'opposé de ce qu'on attendrait d'un homme de foi. Sa relation vis à vis de Dieu frise la paranoïa, et est fondamentalement malsaine. Il le tient responsable de ses échecs et de ses malheurs, et réplique par des provocations immatures lorsque l'envie l'en prend. Par d'autres moments, il a des envies de repentir, et se promet de ne plus rien faire de la sorte... jusqu'à ce qu'il ait l'impression que le sort s'acharne à nouveau sur lui.


° Aime / Déteste : Judey a parfois l'impression d'être resté coincé à l'aube du deuxième millénaire, et a beaucoup de mal avec la ville futuriste d'Albstraum, qu'il déteste. Il aimait beaucoup le charme des anciennes villes, et particulièrement leurs églises, dans lesquelles il passait sa vie. En plus de ça, malgré sa grande taille, Albstraum lui donne l'impression d'être une prison. Il est devenu impossible de s'échapper à l'autre bout du globe, et ça le démange. Sa position de paria lui déplaît, tout comme la politique d'Albstraum. Les égouts ne sont, de loin, pas son lieu de vie favori.
Il aime profiter de la vie, même si sa conception de cette notion lui est particulière. Pour profiter, il lui faut être heureux, et pour ça il regarde le malheur des autres. Judey passe souvent devant le funérarium pour y voir les familles pleurer. Ça le rend heureux, et le conforte dans sa position qu'être seul, c'est une bénédiction. Il aime pourrir la vie des autres, autant qu'il aime les arnaquer. Et paradoxalement, parfois ça lui fait plaisir d'aider. Parfois. Si on ne le remercie pas trop. Il ne faudrait pas qu'il se sente généreux inutilement.


° Sociabilité : Sa sociabilité est positive tant que cela va dans son interêt. Judey n'a peur de rien, en ce qui concerne les autres, ni de les arnaquer ni de se battre. Mais il sait
se montrer bavard, attentif, agréable si la conversation va dans son sens. Des années passées dans le confessionnal lui ont appris à être à l'écoute et de bon conseil. Il comprend les autres, mais utilise généralement cette qualité pour aller à leur encontre, et leur nuire subtilement, tout en leur faisant croire qu'il les aide. Juste pour qu'ils reviennent lui conter leurs malheurs.

En ce qui concerne sa vie sentimentale, même sur une île, elle continue à se baser sur la fuite au pire des moments. Judey aime se sentir aimé mais il a une peur bleue de l'engagement, peur qui ne s'arrange pas avec les années. Du coup, il préfère se contenter de rencontres hasardeuses le temps d'une nuit que d'une véritable relation. D'ailleurs, il se contente la plupart du temps de rien du tout. Il est peut-être un excellent manipulateur, mais la séduction n'est pas son jeu préféré.

† MON HISTOIRE †


° Passé :

St Paul, Ohio
Je mettrai mes lois dans leur esprit, je les écrirais dans leur cœur. Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple

    Je ne sais pas où je suis né, ni qui sont mes parents. Je ne sais pas non plus ce qui leur est arrivé, pour que mes premiers souvenirs soient ceux d'une paroisse, et non ceux d'une maison familiale. C'est au sein de la paroisse de St Paul que j'ai grandi, en tant qu'orphelin au sein d'une grande famille. J'ai eu une dizaine de frères, aucune sœurs. Elles n'étaient pas logées dans le même bâtiment.
    Mes frères et moi avons été élevés par les prêtres de la paroisse. Nous avons reçu une éducation surtout religieuse, mais aussi élémentaire et sociale. Nous avons appris Ton existence, et appris à Te servir. C'est la vie de l'église qui rythmait nos journées, nos semaines, nos vies.

    Faute d'amour maternel, nous avions Ton amour. Enfin.. nous espérions l'avoir, et faisons tout notre possible pour multiplier les bonnes actions. Depuis aussi longtemps que mes souvenirs remontent, j'ai connu Thomas, Matthieu, Ivan, Edouard, mes amis et frères, et notre vie se partageait entre les jeux, les cérémonies, les prières et les heures de classe. Je crois que l'éducation que j'ai reçue à St Paul est la meilleure qu'on pourrait recevoir, et j'en suis éternellement reconnaissant aux prêtres qui se sont occupés de nous. Ils nous ont donné la foi et le courage, et ont inscrit en chacun de nous la volonté de mener une vie exemplaire. Pendant dix ans, ils ont été nos modèles, et il n'est pas étonnant de dire que nous voulions tous leur ressembler, plus tard.



Rock River Church, Ohio
Mon fils, ne méprise pas la correction du Seigneur et ne perds pas courage lorsqu'il te reprend. En effet, le seigneur corrige celui qu'il aime et il punit tous ceux qu'il reconnaît comme ses fils.

    Thomas, Matthieu et moi avons déménagé en à nos dix ans, laissant derrière nous la paroisse de St Paul. Les prêtres avaient évoqué des problèmes d'entente, et il est vrai que les bagarres avec certains de nos aînés devenaient de plus en plus violentes, mais je pense pouvoir dire, avec du recul, que leurs soucis étaient sans aucun doute d'ordre financier. Nous avons été recueillis au sein de la paroisse de l'église de Rock River. L'éducation là bas y était beaucoup plus stricte qu'à St Paul, et ce fut difficile de s'y habituer. A dix ans à peine, changer d'éducateurs nous a semblé être un nouvel abandon.
    Heureusement, nous étions trois, et pouvions nous soutenir. Environ un an après notre arrivée, Thomas a commencé à se montrer discret. Il ne parlait plus beaucoup, ne voulait plus jouer avec nous, ne voulait plus manger. Il nous disait que ça n'était rien, qu'il se sentait un peu mal et que St Paul lui manquait, mais que ça allait passer. Au début, nous l'avons cru. Mais j'ai rapidement vu qu'il se levait la nuit, qu'il partait, qu'il rentrait au petit matin, ou en plein milieu de la nuit sur la pointe des pieds. J'ai décidé de le suivre, persuadé que ça m'aiderait à comprendre ce qui le rendait triste.


Qui vous fera du mal, si vous avez pour modèle ce qui est bien ? D'ailleurs, même si vous deviez souffrir pour la justice, vous seriez heureux. N'ayez d'eux aucune crainte et ne soyez pas troublés, mais respectez dans votre cœur la sainteté de Dieu le Seigneur.

    Cette nuit-là, je n'ai pas atteint la fin du couloir. Le père Benoit m'a attrapé par la main, et alors que je m'attendais à une remontrance pour m'être levé de mon lit sans autorisation, il m'a dit qu'il était heureux que je sois là. Il n'est pas venu pour me faire la morale. Il m'a emmené dans sa chambre, et m'a dit des mots doux, avant de m'obliger à me déshabiller. C'est par ses mains brutales, et couvert de mots d'amour puant l'eau de Cologne que j'ai perdu ma virginité, alors que je me préparais à une vie entière de chasteté, dédiée à Ton service. Me débattre, crier et hurler n'a rien changé. Personne n'est venu cette nuit-là dans la chambre, malgré mes plaintes. Adieu innocence, bonjour réalité. Le monde n'était pas aussi rose que je l'imaginais, et l'amour fraternel que me contaient les prêtres de St Paul avait un goût amer. Et pendant ce moment, qui m'a paru interminable, pendant qu'il me touchait et me parlait d'amour, je t'ai prié, encore et encore, pour que tout s'arrête. Mais ce n'est pas Toi qui a arrêté le père Benoit, c'est son impuissance à remettre le couvert après trois fois d'affilé.
    Je suis retourné dans le dortoir pendant la nuit, sur la pointe des pieds, honteux de ce qu'il s'était passé. Le lendemain, c'était à mon tour de subir les questions de Matthieu, auxquelles je n'ai pas répondu. Par un échange de regards, j'ai vu que Thomas avait très bien compris ce qu'il s'était passé, comme je l'avais compris. Mais nous n'en avons jamais parlé. On se contentait de se soutenir par des regards croisés, et de petites attentions pour se faciliter la vie. Le père Benoit, par la suite, m'a obligé à venir régulièrement lui rendre visite dans sa chambre, et je m'y suis fait, en attendant patiemment que les choses changent.

    C'est un ancien orphelin de Rock River qui eut le courage de dénoncer les pratiques de la paroisse, au printemps de mes quinze ans. Un scandale éclata. Cinq des prêtres de l'église furent renvoyés, et de nouvelles têtes firent leur apparition. Avec elles, notre calvaire s'est terminé, mais s'est aussi vu révélé au grand jour. On nous a envoyé des psychologues, des sociologues, des tas de spécialistes pour s'assurer que nous allions bien, et que ces années de viol presque quotidien ne nous avaient pas trop affectés. En parler, ça a été presque aussi horrible que de le vivre. Nous voulions mettre ça de côté, loin de nous, et continuer notre vie sur de bonnes bases, mais on ne cessait de nous rappeler les événements, nous forçant à en parler parce que soit disant, ça irait mieux. J'avais horreur d'en parler, et je ne crois pas que ça puisse être la meilleure des thérapies. Mais je l'ai fait, pour m'en débarrasser, leur prouver que ces années de viol quotidien ne m'avaient pas affecté du tout, et que j'allais au mieux. Ils ont fini par partir.

    Même si le père Benoit était en faute, je n'ai pas pu m'empêcher de considérer le pêché comme mien. Mais je n'ai jamais pu aller m'en confesser. La honte m'empêchait d'en parler. Fi de prêtres, j'ai décidé de m'adresser à Toi de moi-même, sans intermédiaires, en dehors des nombreuses prières quotidiennes. D'autres ont un ami imaginaire, moi je m'en remettais à Toi, et attendait de précieux signes de réponse comme on peut attendre un miracle. Il n'a jamais eu lieu.


Et si le juste est sauvé avec peine, que deviendront l'impie et le pêcheur?

    C'est de cette époque que date ma première impression de trahison. Du jour où le père Benoit a posé les mains sur moi. Il était mon intermédiaire vers Toi, et il m'a enseigné bien plus que n'importe qui d'autre. J'ai perdu mes illusions, gagné en rancœur. Et ceux qui ont remplacé ces prêtres malhonnêtes n'auraient pu faire pencher la balance dans l'autre sens. La même réflexion nous hantait, Thomas et moi. Si nos bonnes actions ne pouvaient servir à nous assurer une vie saine et paisible, si elles n'avaient aucun imact positif, alors nos mauvaises actions avaient-elles réellement une influence ? J' quinze ans lorsque nous avons couché ensemble pour la première fois, une nuit, dans les jardins du cloître. C'était juste un test. Et lorsque nous nous sommes allongés, nus et haletants, dans la pelouse du cloître, par dessus les tombes de tous ceux qui avaient consacré leur vie à cette abbaye, nous nous attendions presque à recevoir la foudre du ciel, en plein dans le cœur. Mais il ne s'est rien passé. Pas un œil ne s'était posé sur nous, pas même celui des surveillants.

    Nous avons continué, les nuits suivantes, te mettant au défi de nous montrer ta colère pour éprouver la notre. Après des années de calvaire, sortir du dortoir en silence ne nous était pas bien difficile. Et puis il faut bien dire que ceux qui nous surveillaient étaient une bande d'incapables, qui ne demandaient pas mieux que de dormir à poings fermés. Thomas était doux, moi aussi. Au début, nous osions à peine nous toucher, nous effleurer. Nos expériences passées avaient de quoi nous dégoûter. Mais nos psychologues eux-même nous avaient dit que pour exorciser nos souvenirs, il nous fallait les commémorer. Ils parlaient de paroles, bien entendu, mais c'est en actes que nous nous sommes soignés. Nos nuits se passaient de confession. Nous ne pouvions avouer aux prêtres ce que nous faisons. Alors, une nouvelle fois, je me suis confié directement à Toi, par l’intermédiaire de ton fils. Chaque nuit, nous retournions dans la chambre à tour de rôle, pour ne pas nous faire surprendre ensemble. Thomas entrait en premier, et je le suivais une demi-heure après. Pendant ce temps, je me rendais dans l'église, et Te racontais tout, jusqu'au moindre détail, de mes sentiments et de nos passions. Venir me confier était devenu une nécessité.



Sainte-Marie, Australie
Par la foi ils ont vaincu des royaumes, exercé la justice, obtenu la réalisation de promesses, fermé la gueule de lions, éteint la puissance du feu, échappé au tranchant de l'épée, repris des forces après une maladie, été vaillants à la guerre, mis en fuite des armées étrangères. Des femmes ont retrouvé leurs morts par la résurrection. D'autres ont été torturés et n'ont pas accepté de délivrance afin d'obtenir une meilleure résurrection. D'autres encore ont subi les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison.

    Thomas a quitté la paroisse dès ses dix-huit ans, en me disant qu'il m'attendrait, lorsque mon tour viendrait. Il avait un an et demi de plus que moi. L'année qui suivit me parut aussi longue qu'ennuyante. Matthieu et moi ne nous comprenions plus bien, même si j'avais de l'affection pour lui. Il avait été épargné par les prêtres, et ne comprenait pas pourquoi nous ne lui en avions jamais parlé. Nos explications n'auraient pas suffi pour le convaincre. Matthieu était un gentil garçon, un peu trop dévolu dans sa foi. Il n'aurait pas compris ce que nous faisons, avec Thomas. Il n'aurait pas osé T'affronter, et attendre Ta colère, la nuit, dans l'herbe humide. Je ne lui en ai jamais parlé car c'était notre secret, à Thomas et moi. J'ai dit à Matthieu que ces viols ne m'avaient pas dérangé, et que c'était du passé. Je lui ai menti comme j'avais menti aux psychologues. Je lui ai dit que ça n'était rien.

    Et un jour, mon tour est venu de sortir de ce cloître que j'ai fini par voir comme une prison. J'ai rejoint Thomas, à l'adresse qu'il m'avait donnée dans ses lettres. Il m'a accueilli avec deux billets d'avion. Nous déménagions, disait-il, pour un endroit plus libre. Il voulait s'éloigner de cette paroisse qui avait ruiné notre adolescence. Je l'ai suivi sans broncher, et nous nous sommes envolés jusqu'à Sydney. Jusqu'alors, l'Australie n'était pour moi qu'une grosse île tout en bas du globe. Elle devint notre nouvelle terre d'accueil. Thomas n'avait pas chômé pendant cette année. Il s'était trouvé un travail, et avait patiemment économisé en attendant le jour où nous partirions. Nous nous sommes trouvé un petit appartement dans la banlieue, et installés là.

    Mais l'euphorie ne dura que quelques jours. Thomas avait changé, pendant cette année loin de la paroisse. Il avait perdu toute foi, et aspirait à une vie de débauche. Il ne voulait plus entendre parler de Toi. Au contraire, moi j'en avais besoin. Habiter ce studio en banlieue me fit comprendre la dépendance que j'avais, vis à vis de Toi. Une première dispute éclata lorsque Thomas voulu me débarrasser de mon chapelet. Il voulait que moi aussi je me sépare de mon enseignement religieux. Mais c'était hors de question. J'en avais besoin, et mes pas me menaient naturellement dans l'église la plus proche, dès le matin. J'avais besoin de Te parler, d'exprimer mes sentiments, mes colères et mes souhaits, même s'ils restaient sans réponse.

    Thomas disait vouloir mener une vie ordinaire. Il disait que l'église nous avait fermé les yeux sur le monde de notre époque. Je n'étais pas d'accord avec lui. Je ne voulais pas d'une vie sans dieu ni loi. Je ne pouvais pas rejeter mon Père. Nous avons chacun essayé de nous convaincre, sans résultat. Thomas était tombé à l'extrême opposé de la vie paroissiale. Je pensais qu'il s'était trouvé, pendant notre année de séparation, un travail ordinaire pour économiser tranquillement. En réalité, il s'était mêlé à des trafics d'argent. Sa volonté de déménagement n'était pas anodine. Il avait commencé à avoir des ennuis aux Etats-Unis, et voulait s'assurer un peu de tranquillité. Je l'ai quitté deux mois plus tard, écœuré par ce qu'il était devenu.

    Quand à moi, je ne savais pas bien ce que j'allais devenir. J'avais peur de devenir prêtre, après ce que j'avais vu. Mais c'était à Toi que je voulais consacrer ma vie, à Toi et à rien d'autre. J'ai erré quelques temps en Australie, à dormir dans les églises que je croisais en chemin. Et j'ai fini dans un séminaire, entouré de jeunes, comme moi ou presque, qui voulaient devenir prêtres. Je T'ai demandé pardon une nouvelle fois, pour mes écarts, et me suis engagé sans hésiter.

    Je ne suis jamais autant tombé malade que durant cette formation. Otites, bronchites, angines carabinées, je les ai enchaînées. Pourtant, je me suis acharné. J'étais là où je devais être, et je devenais celui que je voulais être. Je ne pouvais pas envisager de consacrer ma vie à autre chose qu'à l'église. J'ai vu les autres s'éloigner de moi, les uns après les autres. A force de me voir tomber malade, et de voir s'abattre sur moi tous les malheurs qui pouvaient tomber sur cette paroisse, ils se sont convaincus que j'étais maudit.

    Je ne me suis jamais cru maudit. En revanche, j'ai réellement compris que Tu ne voulais pas me compter parmi ses serviteurs lorsqu'un incendie s'est déclaré dans ma cellule. J'ai juste eu le temps de m'échapper par ma fenêtre de l'étage pour voir le feu se propager à toute l'abbaye. Le séminaire s'est arrêté, alors que je n'étais que diacre.



Saint-Nicolas, Australie
Ils ont été lapidés, sciés. Ils sont morts tués par l'épée. Ils sont allés d'un endroit à l'autre, habillés de peaux de brebis ou de chèvre, privés de tout, persécutés, maltraités, eux dont le monde n'était pas digne. Ils erraient dans les déserts et les montagnes, dans les grottes et les abris de la terre. Tous ceux-là, bien qu'ayant reçu un bon témoignage grâce à leur foi, n'ont pas obtenu ce qui leur était promis, car Dieu avait en vue quelque chose de meilleur pour nous. Ainsi, ils ne devaient pas parvenir sans nous à la perfection.

    Une fois encore, je me suis senti rejeté. Mon seul et véritable souhait, celui de devenir prêtre au sein de l'église catholique, se voyait couronné d'échecs, et je devinais là Ton intervention. Mais elle ne jouait pas en ma faveur. Elle n'avait jamais joué en ma faveur, comme si j'avais été dès le début Ton bouc émissaire. Et paradoxalement, j'étais heureux. Après mes provocations adolescentes, je recevais enfin une réponse de Ta part. La punition n'était pourtant pas juste. Je n'avais fait que répondre à ce qu'on m'avait fait subir, plus jeune. Ce sur quoi Tu as fermé les yeux, ce que Tu as laissé faire, alors que je croyais fort en Toi.

    Je n'ai pas renoncé à mon rêve, lorsque j'ai rejoint la petite paroisse de St Nicolas, à Tamworth. Mais j'avais d'abord besoin de revanche, et d'un peu d'argent. Beaucoup d'argent en réalité. Après l'incendie, je suis parti retrouver Thomas. J'avais besoin de ses services. Louis Herzog n'était pas prêtre, et ne pouvait pas le devenir dans l'immédiat. Je devins Emmanuel Greer, prêtre australien de son état.

    Saint-Nicolas n'était pas une abbaye comme les autres. Je pensais avoir à faire à une secte autoritaire, qui tirait son argent d'arnaques couvertes de beaux discours. En réalité, l'abbaye abritait l'un des réseaux de prostitution les plus puissants de la région. A la disposition des prêtres et des clients, les pensionnaires de l'abbaye, des jeunes âgés de douze à dix-huit ans, en plein apprentissage de la religion et de la vie. Comme Thomas et moi, quelques années plus tôt.

    J'y ai vu ma vengeance. La rage m'habitait, celle de Te montrer que moi aussi, je pouvais Te faire du mal. Je ne pouvais pas m'en prendre à Toi, personne ne le peut. Alors je m'en suis pris à tes enfants, à ceux qui jour et nuit apprenaient, comme moi, qu'il fallait aimer son prochain. Je ne voulais pas y toucher, ça n'était pas ce que je recherchais. Et si, pour rentrer dans le trafic, je dû faire mes preuves en m'y essayant, je n'y ai pris aucun plaisir. Aujourd'hui encore, je n'en retiens que du dégoût. Mes propres souvenirs douloureux se mêlant à la terreur de ce gamin. Je l'ai laissé repartir pour chasser mes hantises. J'ai accepté de me mêler et de diriger les trafics de cette secte pour Te faire du mal, à toi et non à ces enfants-là. Mais ils devaient en pâtir et honnêtement, ça ne m'empêchait pas de dormir. Tant que je ne voyais pas les scènes de mes propres yeux, ça m'était bien égal. Leurs vies n'étaient pas la mienne, et ne me concernaient pas.

    A voir leurs mines déconfites, le soir, au dîner, je me réjouissais. Ils étaient tristes, et je prenais ma revanche. De toute manière, je n'ai jamais aimé voir le bonheur des autres. Je pense à moi avant de penser aux autres, et ceux qui prétendent faire le contraire ne sont que des hypocrites. Se réjouir de la réussite de quelqu'un en pensant à sa propre défaite, ce n'est qu'un mensonge. Oserais-je dire que je n'aime pas mentir ? Après avoir parlé d'hypocrisie, ça serait mal venu. Mais disons simplement que je n'aime pas ce genre de mensonges-là.

    Je suis resté trois ans à St Nicolas, le temps de savourer pleinement ma victoire. Dans les premiers temps, j'étais satisfait. Je gagnais de l'argent, je te levais mon bras, et j'officiais pour les messes. En dehors des trafics nocturnes, St Nicolas me donnait l'impression d'être réellement un prêtre, et de participer à la vie paroissiale. Elle me donnait de l'importance, et un rôle à jouer. Mais j'ai fini par me lasser de cette ambiance malsaine. En plus de ça, l'affaire commençait à mal tourner. De plus en plus de mésententes se faisaient sentir, tant au niveau de la gestion de l'argent que de celle des gamins. J'ai fini par partir, emportant ma victoire. Il faut croire que cette fois-ci, j'avais une longueur d'avance sur le destin. L'affaire s'est ébruitée quelques mois plus tard, les gamins ont été relâchés et placés dans d'autres centres d'accueil ou en cure psychiatrique, et les prêtres ont été balancés en prison après un procès très médiatisé.

    Emmanuel Greer fut recherché pendant longtemps des autorités australiennes. Un type aux cheveux blonds, grand, plutôt maigre, avec les yeux bleus, voilà sa description. Mes anciens complices n'avaient pas manqué de me balancer malgré mon départ anticipé. Mais j'étais déjà reparti aux Etats-Unis, embarquant dans mes valises les liasses de billets de ma première victoire. J'avais ôté mes lentilles et rasé cette tignasse décolorée. J'étais redevenu Louis Herzog, aspirant prêtre, joueur d'orgue à ses heures perdues.



Saint Pierre, Californie
Que personne, lorsqu'il est tenté, ne dise « c'est Dieu qui me tente », car Dieu ne peut être tenté par le mal et il ne tente lui-même personne. Mais chacun est tenté quand il est attiré et entraîné par ses propres désirs. Puis le désir, lorsqu'il est encouragé, donne naissance au péché et le péché, parvenu à son plein développement, a pour fruit la mort.

    J'ai rayé de ma vie celle d'Emmanuel. Décidé de repartir une nouvelle fois de zéro. Il ne s'agissait pas d'oublier mon passé, ni mes rancœurs. Juste de tester autre chose. J'ai abandonné l'idée de devenir prêtre puisque Dieu ne voulait pas me compter parmi ses serviteurs. Alors je l'ai nargué une nouvelle fois, pour lui manifester ma colère. Je me acheté des shorts à ras-les-fesses et des bottines, et j'ai fait le tapin juste devant l'église de la ville. Sur le parvis. C'est le prêtre que j'attendais, mais ma première cliente fut une femme.

    J'ai refusé, et elle a insisté. Puisqu'elle se présentait, j'ai fini par accepter. Après tout, mes vœux de chasteté étaient tombés à l'eau depuis bien longtemps. Elle était étrange, elle m'intriguait. A peine plus âgée que moi, elle n'avait pas du tout le profil de celle qui va se chercher quelqu'un dans la rue en le payant. Elle n'était même pas laide. Nous sommes allés dans l'hôtel le plus proche, et nous avons couché ensemble. Je lui ai fait comprendre que les femmes n'étaient pas dans mes habitudes, et elle m'a promis de m'apprendre à les aimer. Je n'étais pas dans une période pieuse. Que tu puisses me voir pendant que je m'envoyais en l'air, ça m'était bien égal. Je ne faisais pas ça pour te provoquer, cette fois-ci. J'avais moi aussi envie de découvrir ce que tant d'hommes contaient dans leurs récits comme le reflet sur terre du septième ciel.

    J'ai été déçu. Elle était agréable, mais je n'en éprouvais rien. A croire que mon enfance m'avait conditionné à n'aimer que les hommes. Ironie du sort, lorsqu'on sait que cette déviance sexuelle est condamnée par l'église. Mais je n'en avais que faire. Je m'étais d'ailleurs persuadé que je n'aimais pas plus les hommes que les femmes. Je me destinais toujours à ton service, un jour ou l'autre. Et c'est toi que j'aimais.

Veillez à ce qu'aucun de vous ne fasse preuve d'immoralité sexuelle ou ne se montre profanateur comme Esaü, qui pour un seul repas a vendu son droit d’aînesse.

    Après cette nuit, j'ai continué mon petit jeu. Je venais le soir, juste avant que le prêtre ne sorte, pointer devant son église en petite tenue. Quelques hommes se sont présentés à moi, mais je les ai refusés. Ça n'était ni par manque, ni par besoin d'argent que je l'attendais chaque soir. J'avais encore de bonnes réserves de mes années passées à Saint-Nicolas pour me sustenter. Je le voulais Lui, ton fidèle serviteur, celui que tu avais choisi comme tu m'avais rejeté. Je voulais qu'il tombe dans mes filets, qu'il faille dans sa morale, qu'il se détourne rien qu'un moment de sa foi. Ce petit jeu a duré longtemps. Je suis devenu serveur dans un petit restaurant sur la place de l'église. Je n'avais qu'à faire quelques pas après la fin de mes heures pour aller l'aguicher. A chacun de ses regards posés sur moi, je sentais la victoire. Mais cela durait.

    J'ai fini par entrer dans cette église pendant ses heures de service. Je lui ai demandé à me confesser, toujours déguisé en prostitué. Et si j'emploie ce mot là, c'est bien que ces vêtements me démangeaient. Je l'enviais, lui, de porter la soutane et de s'asseoir sur ses fesses pendant la confession. Mais je ne lui ai pas dit. Je lui ai parlé de ce pauvre prostitué que j'étais censé être, de ses remords face à ses pêchés, de ses obligations financières. Je ne lui ai pas épargné les détails croustillants d'aventures amoureuses que je n'avais pas eues. Et je me suis encore un peu apitoyé sur mon sort, pour obtenir sa compassion. C'était un homme bon et juste, et ses paroles étaient sages. Il savait trouver les bons mots. Mais c'était précisément ce que je ne voulais pas.

    Je suis retourné plusieurs fois le voir pour me confesser, sans oublier les rendez-vous quotidiens, à la sortie de l'église. Il a fallu un peu plus d'un an pour que j'arrive à mes fins. Mais j'y suis parvenu. Il savait trouver les mots justes pour consoler celui que je n'étais pas, et je trouvais les mots pour le mettre face à son malheur et à sa solitude. Subtilement, au travers de mes plaintes. Sans un mot, il m'a fait signe de le suivre, et nous sommes allés dans l'hôtel bas de gamme qui avait accueilli ma première expérience de prostitué. J'aurais préféré rester dans l'église, mais je le sentais trop incertain pour lui demander. Je ne voulais surtout pas qu'il change d'avis.

    J'ai savouré cette victoire plus que toutes les précédentes. Après un an d'attente, c'était une véritable récompense. Et pendant qu'il s'occupait de mon corps, je te levais le doigt pour te prouver mon amour. J'ai commencé à comprendre que ton pouvoir n'était pas si absolu.
    Et puis j'ai déchanté, alors que je retombais essoufflé sur l'oreiller après de longs ébats fougueux. Ce connard de prêtre a osé murmurer qu'il m'aimait, entre deux souffles. Ça n'était plus une victoire pour moi. Il n'était pas tombé dans la tentation de la chair, il était tombé amoureux. J'ai pris mes affaires et je suis parti, lui laissant son argent. De toute manière, je n'en avais pas besoin.


Église Saint-Jean, Californie
Certes, au premier abord, toute correction semble un sujet de tristesse, et non de joie, mais elle produit plus tard chez ceux qu'elle a ainsi exercés un fruit porteur de paix : la justice.

    J'ai déménagé une nouvelle fois. Dégoûté par ma revanche avortée, j'ai changé de voie. J'ai recontacté Thomas une nouvelle fois. Je suis devenu prêtre à nouveau. Mais cette fois-ci, je n'ai qu'à peine retouché ma véritable identité. Juste de quoi devenir australien et prêtre. Je suis devenu Kain L. Herzog, prêtre dans une petite église de la ville. Je voulais le devenir réellement, mais j'avais bien compris que si je m'efforçais à employer des moyens légaux, tu ne m'y aiderais pas.

    J'ai pris beaucoup de plaisir à participer à la vie paroissiale de Saint-Jean, et à y tenir les cultes. J'avais l'impression d'enfin parvenir à ce à quoi j'avais toujours aspiré. Je n'avais pas cessé de venir te voir, tous les soirs, pour te faire la conversation. C'était devenu une habitude, qui suffirait à me faire passer pour un dégénéré aux yeux de beaucoup. Mais moi, j'en étais dépendant, même si parfois je n'avais rien à te dire. Les moments de silence avaient aussi leur importance.

    Et puis un soir, j'ai surpris deux autres prêtres de St-Jean, ensemble, nus entre les allées. Même mes propres yeux en furent brûlés. Je suis ressorti en courant pour aller vomir sur le parvis. Tu te moquais bien de moi, n'est-ce pas ? Tu le savais, que je viendrais à cette heure-ci. Mais pourquoi m'envoyer ce genre de tests ? J'en étais dégoûté, et ma foi s'est encore un peu gâtée. Je les ai dénoncés, tous les deux. Ils ont été renvoyés.

    J'ai décidé que je me servirais de tes fidèles puisque tu me narguais une nouvelle fois. J'étais bien installé à Saint-Jean, sans aucune intention de partir. Mais je ne voulais plus rendre ces gens là heureux. J'ai continué les messes, j'ai continué les confessions. Et j'ai semé de petites graines de malheur dans les vies de chacun. Des petites remarques subtiles censées les interroger sur eux-même, et qui leur faisaient voir, à chacun, leur vie misérable. Je savourais chaque pleurs, chaque mésaventure qui m'était contée, chaque déprime qu'on me rapportait. Je me nourrissais littéralement de leur malheur, et je m'amusais moi-même à me traiter de vampire. Je ne savais pas qu'ils existaient réellement.

    Les autres prêtres de l'église n'étaient pas vraiment beaux ni attirants. Pourtant, mon petit jeu d'antan me démangeait. J'en ai ciblé deux d'entre eux, et je les ai testés. Bien entendu, c'était plus subtil qu'à St-Pierre. Je ne pouvais pas jouer les prostitués alors que j'étais censé être prêtre. En tout cas pas consciemment. Ce qui ne m'empêchait pas de me changer malencontreusement lorsqu'ils étaient là, et de me rapprocher un peu d'eux. Mais ceux-là semblaient bien perchés sur leur droit chemin. Il faut dire qu'après le renvoi de leurs prédécesseurs, ils avaient tout intérêt à se tenir à carreaux.

    J'ai vu ma cagnotte diminuer, et j'ai commencé à organiser des collectes d'argent à droite à gauche, pour la restauration de la peinture du vieux retable ou pour les fêtes de Pâques. J'en gardais les trois quarts. L'argent des cierges, censé contribuer à l'entretien de l'église, tombait en majeure partie dans mes poches également.


Vous étiez comme des brebis égarées, mais maintenant vous êtes retournés vers le berger et le protecteur de votre âme.

    J'aurais pu continuer dans cette vie là plus longtemps. Mais il est apparu dans ma vie, lorsque j'avais lâché la garde, ancré dans mes petites habitudes. Il. Un homme à peine plus jeune que moi, aux cheveux rouges et à l'allure punk. C'était une rencontre insignifiante, qui n'aurait pas dû avoir lieu. Et comble de l'ironie, il était dans la sacristie à attendre le même prêtre que je tentais de ramener dans mon lit depuis des mois. Et lui, il le baisait.
    Je l'ai haï, pour ça et pour son insolence.
    Et je l'ai renvoyé hors de l'église. De toute manière, le prêtre en question n'était pas là.

    Mais cette rencontre ne s'est pas finie là. Je l'ai recroisé par hasard quelques jours plus tard, alors que je m'en allais joyeusement arnaquer un inconnu. Il était nu. Il semblait euphorique, fou, perdu. Et je n'ai pas pu le laisser là. Placer un homme nu sur mon chemin, Tu n'aurais pas pu faire moins subtil. Pourtant ça a marché. Je suis tombé dans le piège.
    Nous sommes allés à l'hôtel, et de provocations en provocations, nous avons fini au lit. Je suis tombé dans ses bras.


Que personne parmi vous n'ait à souffrir pour avoir tué, volé, fait le mal ou pour s'être mêlé des affaires d'autrui.

    Je le haïssais encore. Et pourtant, je remarquais que je tenais à lui. Je n'aurais pas du le haïr, juste l'ignorer. Mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Et ça me rendait malade. Quelque part, je l'admirais. Il semblait détaché de tout, et vivre librement sans se soucier de rien. J'aspirais à cette vie, mais la mienne était Ta prisonnière. Je savais que je ne pouvais pas être réellement prêtre, mais je m'accrochais à cette idée. Je suis parti au petit matin, avant qu'il ne se réveille. Je n'étais pas libre, moi, mais je savais fuir lorsque c'était nécessaire. Mais j'étais lâche aussi. Après avoir claqué la porte et fait quelques pas, je suis revenu pour glisser mon numéro sous la porte. Et que le destin décide à ma place.

    Nous nous sommes revus quelques fois, des rencontres hasardeuses qui nous forçaient la main. Et avant que je n'ai eu le temps de m'en rendre compte, j'étais devenu amoureux. Moi. Alors que je t'avais juré fidélité. Mais après tout, n'était-ce pas toi qui l'avais placé sur ma route ? Était-ce pour me détourner de toi ?

    Il était mêlé à de sombres affaires à l'époque. Et je me suis retrouvé un jour à l'avoir sur mes bras, sérieusement blessé. Je l'ai recueilli chez moi, et je me suis un peu éloigné de toi. Nous avons connu des jours heureux. J'aimais l'avoir chez moi, et avoir l'assurance de le retrouver chaque soir. Il était trop faible pour partir seul. Mais nous étions bien différents, et notre relation a commencé à nous étouffer. Il fallait se rendre à l'évidence, nous nous faisons du mal. Il ne supportait pas l'amour que je te portais. Il voulait que je m'éloigne de toi. Était-ce encore un de tes jeux ? Nous avons fini par ne presque plus nous adresser la parole, alors que nous vivions sous le même toit.

    Et puis un soir, il est reparti. Sa blessure était presque guérie, et notre relation avait pourri. Pourtant, je ne voulais pas vivre sans lui. Je l'aimais. Sentiment étrange que je découvrais pour la première fois, et qui me rongeais de l'intérieur. Il m'avait réconcilié avec bien des choses. Et je ne voulais pas le laisser partir. Alors je l'ai poursuivi.

    Je suis parti à sa recherche, et j'ai remué la ville. J'ai veillé à l'église, dans l'espoir de le voir revenir. En vain. J'ai erré dans les rues la nuit, comme un fantôme, dans l'espoir d'apercevoir sa chevelure rouge. Il s'était bien caché. Il était reparti tremper dans ses affaires sordides, pendant que je me rongeais les sangs. Je ne le haïssait plus, mais je me détestais moi d'éprouver ces sentiments. N'étais-je pas censé ne servir que toi, et vouloir à tout prix être libre d'autres attaches ?

    C'est son mentor qui est venu me retrouver, une nuit. Celui qui l'avait attiré dans ses affaires morbides. Il était venu me reprocher de ne pas avoir pris soin de lui. Il était venu me tuer. J'ai vu mon heure sonner. Mais il n'en a pas eu le temps. Avant que l'homme ne me porte un coup de grâce, j'ai vu une ombre rouge faire irruption dans l'église. Il était revenu.

    Il m'a sauvé la vie ce soir là. Et nous nous sommes retrouvés. J'ai oublié ma colère et ma rancœur, j'ai oublié que je ne voulais pas m'attacher. J'ai oublié que je m'en voulais de m'aimer. Et je me suis réjouis d'être à nouveau à ses côtés, et de constater qu'il en était de même pour lui.

    Nous savions tous les deux que notre relation était hasardeuse. Nous en avions déjà fait les frais. Elle nous étouffait et nous faisait du mal. Et pourtant, nous étions encore plus mal loin l'un de l'autre. Alors nous avons décidé de repartir sur de nouvelles bases, et de nous construire un nouvel avenir, à notre rythme. Nous avions encore une longue vie devant nous.

    J'avais encore ignoré que le bonheur ne restait pas longtemps à mes côtés. Je te remerciais chaque soir de m'accorder ta clémence, et pourtant ça ne t'as pas suffi. Tu as décidé de t'en prendre à nous tout simplement. C'est ce que j'aime croire. En réalité, je doute encore de ta responsabilité sur ce coup là. Je crois que nous avons simplement écopé de malchance, et que j'ai perdu mon attention au mauvais moment. Et je m'en veux encore. Nous avons eu un accident de voiture un après-midi, en rentrant d'une promenade à la campagne. Nous étions en train de nous disputer encore, je ne sais même plus sur quoi. Je me suis tourné vers lui pour te répondre et je n'ai pas vu la voiture de devant freiner brutalement.

    J'ai senti ma respiration se couper, j'ai vu du sang partout. Je ne me souviens plus du reste. Je me suis réveillé plus tard dans une salle d'hôpital, endolori de partout, branché de tous côtés. J'ai entendu l'infirmière me dire que j'avais été blessé et brûlé. Qu'il fallait que je reste allongé. J'avais le bras droit sous d'épais bandages, j'en avais à la tête, j'en avais à la jambe. Et personne ne me répondait, lorsque je leur demandais où il était, lorsque je demandais de ses nouvelles. Je voulais me lever, et on me l'interdit. J'en étais de toute manière incapable. Mais mon état de santé ne m'importait pas. Je voulais de ses nouvelles. Je ne pouvais pas concevoir que ce soit fini. Pas comme ça.

    Je finis par en avoir. Il n'était pas mort. Il était en réanimation après avoir perdu beaucoup de sang. Ils parlaient d'hémorragie interne à voix basse, et d'autres termes que je ne comprenais pas. Et je leur suggérais de lui transfuser mon sang. J'étais donneur universel. Mais on me l'interdit. J'étais trop faible. J'ai demandé à le voir, et on me l'interdit aussi.

    J'ai du patienter. J'ai suivi mes traitements à la lettre, et j'ai prié. Longtemps. J'aurais pu tout donner. Je t'ai prié jour et nuit, jusqu'à dans mes rêves. Allongé, les yeux vers le plafond, toutes mes pensées y étaient consacrées.

    Ils m'ont laissé aller le voir quelques jours plus tard. Il n'était plus en réanimation, mais dans le coma, maintenu en vie par une kyrielle d'appareils. Moi j'étais dans une chaise roulante, entouré de bandages. Le médecin m'a dit qu'il ne savait pas s'il allait s'en sortir, et qu'il ne pouvait pas encore se prononcer. Je me souviens lui avoir présenté mes excuses, et interdit de mourir.

    Je suis resté deux mois dans cet hôpital. Coupé du monde, j'ignorais que la troisième guerre mondiale avait commencé. Il n'y avait pas de télévisions dans cet hôpital, et le personnel voulait sans doute épargner les patients. Je l'ai appris en sortant. Le conflit faisait la une de tous les titres.

    Les temps qui suivirent, j'ai alterné entre l'église et son chevet. Je priais pour lui, et je priais pour le monde. La guerre qui s’annonçait semblait bien mauvaise, et elle me faisait peur.

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Judey L. Patmos

Dominus Tecum

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Judey L. Patmos

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Métier : Ancien prêtre. Dealer de ce qu'il peut.


Judey L. Patmos Vide
MessageSujet: Re: Judey L. Patmos   Judey L. Patmos EmptyDim 1 Mai - 14:49


Apocalypse. Californie
Craignez Dieu et rendez-lui gloire, car l'heure de son jugement est venue. Adorez celui qui a fait le ciel, la terre, la mer et les sources d'eau.


    C'est à l'église que je l'ai rencontré. J'avais pris l'habitude d'y passer mes nuits, et de passer mes journées auprès de lui, en attendant sa guérison. Il était toujours dans le coma. Les médecins disaient qu'il avait quelques chances de s'en sortir, mais qu'ils ne savaient pas quand. Je ne sais pas s'ils disaient ça pour moi ou s'ils le pensaient réellement.

    Ce soir-là, j'étais désespéré. Les nouvelles du monde étaient de pires en pires, et il ne guérissait pas. Je n'en dormais plus la nuit. Je la passais à prier et à te supplier de lui rendre la santé. Les portes de l'église s'ouvrirent en fin de soirée, troublant mes prières muettes.

    Il m'effraya, et sa silhouette n'a rien arrangé. Il portait une longue cape noire, qui ne laissait voir que le bas de son visage. Je lui ai demandé ce qui l'amenait à une heure si tardive, et il m'a dit qu'il venait pour moi. J'ai vu mon heure sonner, une fois encore. Avec sa cape, j'aurais presque pu le prendre pour la mort. Il n'en était pas loin. Il m'a dit que tu l'avais envoyé, qu'il était une sorte de diable. Je lui ai ris au nez. Et un éclair s'est abattu à quelques centimètres de moi. Le tonnerre a grondé à l'intérieur de la grande nef. J'ai pensé à un rêve, mais tout était bien réel, j'en avais conscience. J'étais tétanisé. Cet homme semblait être l'incarnation du diable.
    Il m'a dit qu'il était venu me proposer un marché. Il me prenait ma vie humaine, et me proposait l'éternité. En échange de quoi, si je mourrais, mon âme irait en enfer. En échange de quoi aussi, il me faudrait partir dès le lendemain pour Albstraum. Le monde allait se détruire. Enfin, il me prévint que je ne pourrais plus jamais voir le soleil. Dorénavant, je vivrais la nuit.
    L'enfer m'effrayait depuis toujours, mais je m'y savais destiné. Il m'offrait la possibilité d'en retarder l'échéance. Il m'offrait la vie éternelle. Je pouvais repousser le jugement dernier, ne plus répondre de mes actions. Si j'acceptais ? J'aurais pu lui sauter dans les bras. Mais il m'impressionnait trop pour cela.

    Bien entendu, je lui ai donné mon accord. J'avais bien trop peur de la mort pour laisser passer une telle opportunité. L'idée de pouvoir être éternel me donnait l'impression de pouvoir rivaliser contre toi. J'ai accepté, à condition qu'il le change lui aussi. J'avais bon espoir de provoquer son réveil cette manière. J'ai insisté. C'était ma condition. Je voulais bien lui vendre mon âme, s'il le faisait vivre lui aussi. Il a acquiescé, en me prévenant que ça ne changerait sans doute rien à son état.


Prends-le et avale le ; Il sera amer dans ton ventre, mais dans ta bouche il sera doux comme du miel.

    Il m'a mordu dans le cou. J'ai senti ma vie partir. J'ai regretté pendant un instant ma décision, et j'ai tenté de lutter. En vain, bien évidemment. Passer un accord avec le diable était risqué, et j'avais peur qu'il ne me vole ma vie directement. Je suis mort, non sans douleur. Puis il m'a fait boire son sang, et j'ai senti l'énergie me revenir. Je me suis éveillé à nouveau. J'étais devenu un vampire, mais je ne le savais pas encore.

    Nous sommes allés ensemble à l'hôpital, une fois que mes forces m'étaient revenues. Nous sommes entrés par effraction jusqu'à sa chambre où il dormait toujours, paisiblement. Et l'homme a recommencé le rituel. Il lui a bu son sang, jusqu'à la dernière goutte, puis lui a donné le sien. J'ai cru entendre un cri de douleur, et me suis précipité. Mais ça n'était qu'un gémissement inconscient, et son souffle n'avait pas changé. L'homme est reparti. Je suis resté dans cette chambre longtemps, guettant un signe de réveil qui ne vint pas. J'ai pansé les deux petites marques rouges laissées dans son cou.

    Je lui ai parlé, comme à chaque fois. Et je lui ai raconté que j'étais devenu immortel et que lui aussi. Que la fin du monde arrivait et qu'il fallait s'en aller. Que je partais le lendemain. Qu'il fallait qu'il se réveille avant qu'il ne soit trop tard. Il ne s'est pas réveillé. Je lui ai passé mon chapelet autour du cou, celui que je gardais sur moi depuis l'orphelinat. Je lui ai laissé ma bible entre les bras, et j'ai prié pour qu'il soit protégé et qu'il s'en sorte. Je suis parti pendant la nuit.

    J'ai fait ma première victime la même nuit. Un homme perdu qui croisa mon chemin dans une petite ruelle. Je venais de renaître, j'étais envahi par la tristesse, et ne contrôlais pas mon appétit. Je me suis jeté sur cet étranger comme une bête féroce, et tout s'est passé très vite. J'ai bu tout son sang, et l'ai senti mourir sans pouvoir m'arrêter.

    Cette nuit là, j'ai enterré Louis Herzog dans le cimetière de la ville. La guerre avait éclaté, et le monde se fichait bien des terres du cimetière. J'y suis entré discrètement. J'ai mis le corps de ma première victime en terre, et y ai apposé une croix. J'ai passé le reste de ma nuit à y sculpter mon nom. Louis K. Herzog, 1973- 2002.


Dernière chance, Albstraum
N'aie pas peur, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume.

    Je suis retourné à l'hôpital le lendemain soir. Il n'avait pas bougé. Je lui ai fait mes adieux une nouvelle fois, lui ai dit combien j'étais désolé. C'est la dernière fois que je l'ai vu. Trois heures plus tard, je partais pour Albstraum. J'étais devenu Judey L. Patmos, jeune vampire immigré sur l'île de la dernière chance. Je n'ai pas fait mes adieux à mon monde. Aller là bas, pour moi, ça ne devait être que transitoire. C'était un îlot neutre, une arche de Noé pour les hommes qui ne voulaient pas se battre. Pour les hommes qui voulaient laisser derrière eux les états s’entre-tuer.

    Au début, je croyais le voir partout. Je sentais mon cœur faire un bond à chaque fois que je voyais une chevelure rouge. Je courrais pour le rejoindre. Je me sentais revivre lorsque quelqu'un sonnait à ma porte, espérant le retrouver. Mais ça n'était pas lui. Ce ne fut jamais lui.

    Je suivais avec avidité les nouvelles du monde extérieur. Mais je n'avais pas le droit de communiquer. Je n'ai pas pu appeler l'hôpital où ils le gardaient. Et puis ce jour terrible est arrivé. Le jour que tous ceux qui ont connu l'ancien monde ont encore en mémoire. Les images des huit explosions ont bouleversé toute l'île. Le monde que nous avions connu venait de précipiter sa fin. La terre se transforma en tas de ruines hostiles à toute vie et ce qui n'avait pas été détruit immédiatement le serait par les radiations. L'île a perdu contact avec le reste du monde ce jour là. Mais nous savions tous qu'il n'y avait plus de reste du monde. Nous étions les derniers. Et je dû faire face à la réalité. Albstraum serait ma ville et mon tombeau. Je ne retrouverais plus mon monde. Et je ne le retrouverais plus non plus, lui. Le monde avait été détruit, tout entier.


Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car la première terre avait disparu et la mer n'existait plus. Je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la nouvelle ville sainte.

    Ici bas, les vampires étaient sortis de l'ombre. J'ai compris que je n'étais pas seul. L'homme qui était venu me voir cette nuit là n'était pas le diable, juste un vampire maîtrisant le tonnerre. Jusqu'à ce moment, je n'avais pas conscience de leur importance. Ils prirent le contrôle d'Albstraum alors que des émeutes éclataient. Les vampires avaient alors le droit de tuer à leur gré. Tous ces événements me laissaient indifférent. Réfugié dans l'église de la ville, je faisais mon deuil, je pleurais le monde, ma vie d'antan, je le pleurais lui. Et je t'en voulais. Terriblement.

    C'était ton monde, et tu les avaient laissés le détruire. De quel droit ? Ne pouvais-tu pas simplement les punir eux ? Oh oui, j'étais en colère. Ça m'évitait de faire face à ma détresse. J'ai décidé que notre guerre était finie. Tu l'avais remportée. Tu avais toujours gagné. Et même si j'avais repoussé l'heure de ma mort, même si j'avais offert mon âme au diable, ce n'était qu'une petite victoire face à la mort du monde.
    Je devins prêtre à Albstraum. Beaucoup s'éloignaient de la religion. L'apocalypse avait eu lieu, et le sauveur n'était pas venu. Ils n'en avaient pas eu besoin. Plus personne n'avait besoin de lui. Alors pourquoi continuer à venir à la messe ? Les autres avaient perdu la foi après avoir vu la terre se détruire. Seuls restaient ceux qui avaient perdu leurs proches pendant la guerre, et qui priaient pour leurs âmes. Je gardais ma foi, malgré mon dégoût.

    Je n'étais pas en faveur de ces vampires qui voulaient s'accorder tous les droits. La supériorité ne m'avait jamais gêné, si j'étais du bon côté. Mais je savais aussi que pour une ville de cette envergure, c'était dangereux. Les premiers commandements avaient été écrits dans ce sens. Il fallait imposer des règles au peuple, à commencer par tu ne tueras point. Et il fallait une sentence pour qu'elles soient appliquées. A Albstraum, malgré la monarchie, les lois étaient presque absentes pour les vampires. Et les humains qui tentaient de s'élever contre cette condition ne faisaient pas long feu. Je ne m'y suis pas opposé, ça n'était pas mon rôle. Je n'aimais pas cette tournure, mais après tout elle ne me concernait pas. Si tu voulais laisser le peu qu'il restait de ta création se détruire, je te laissais la voie libre. Je me contentais simplement, de mon côté, de parler au peu de vampires qui venaient à l'église. Ils se comptaient sur les doigts de la main.

    J'ai cessé de vouloir rendre les gens malheureux. A Albstraum, tout était différent. Les gens se désintéressaient de toi, et je ne voulais pas les voir partir. Alors j'aidais du mieux ceux qui venaient, j'y mettais toute ma force. M'investir me permettait d'oublier que je pleurais encore le monde disparu. Je suis réellement devenu prêtre. J'ai aidé mon prochain et j'ai fait vivre cette petite église sans âme. J'avais accepté la vie éternelle pour ne jamais avoir à répondre de mes actes. Mais tu vois, je me reprenais tout seul. Je corrigeais mes erreurs.


Eux, ils disparaîtront, tandis que toi, tu restes là. Ils vieilliront tous comme un vêtement. Ils seront remplacés. Mais toi, tu es toujours le même et ton existence n'aura pas de fin.

    Les années passèrent. Au fil du temps, les visites se firent de plus en plus rares à l'église. J'officiais la messe du dimanche devant la nef à moitié vide. Bientôt ce fut aux trois quarts. Les gens se sont désintéressés de la religion, les uns après les autres. Les humains qui avaient connu la guerre et l'ancien monde se firent plus rares. Et moi, j'étais devenu aussi immuable que les gargouilles qui décoraient les contreforts de l'église. Je faisais partie du décor, de ses pierres. La haine entre humains et vampires allait en grandissant. Certains humains refusaient que ce soit un vampire qui serve en tant que prêtre. C'était immoral. Mais je suis resté, ils sont partis.

    Je finis par me sentir bien seul dans cette église petit à petit abandonnée de tous. Le soir, des jeunes s'y rendaient pour divers trafics. C'était devenu un lieu à l'abri des regards. Et de temps en temps, je surprenais quelqu'un en train de prier dans les rangs vides. Un proche d'une victime d'un vampire, le plus souvent.

    Cette vie me parut bientôt familière. Je me suis lentement fait à l'atmosphère d'Albstraum, du moins à son église. Elle était presque vide, mais j'étais son pilier, et elle était ma demeure. Ma véritable demeure, pas cet appartement minable perché sur une tour d'une trentaine d'étages. Ce n'était que ma couchette pour la journée. L'église était ma terre. J'ai sympathisé avec quelques vieux fidèles, et j'étais heureux de les retrouver et de leur procurer ce lien avec leur ancien monde. De temps en temps encore, je me retournais en croisant une chevelure rouge. Tu vois, certains souvenirs sont persistants, et la raison n'y peut rien.

    Les révoltes s'amplifièrent petit à petit, et bientôt, on ne parlait plus que de ça. Je suivais ça de loin, par les échos que j'en avais. Ce n'était pas ma guerre. Le prince fut assassiné, le palais pris en otage. Et moi je passais pour un vieux gâteux à parler à mon petit auditoire de la prise de la Bastille, des siècles plus tôt, dans un pays disparu nommé la France. Ne leur déplaise, ils n'avaient pas inventé les émeutes.

    J'ai entendu l'appel de ce vampire, surgi alors que la ville était en plein chaos. J'ai longuement hésité, mais je n'y suis pas allé. Je l'ai dit, ce n'était pas mon combat. Je ne voulais pas prendre la tête de la ville, même si ses idées me séduisaient. J'ai suivi d'un peu plus près ce qu'il se passait, avec la curiosité de connaître un nouveau tournant de mon monde. J'ai vu les sept vampires monter au palais, et leur combat pour le pouvoir. Les sept anges, des années après l'Apocalypse. Le calme revint peu à peu sur Albstraum.

    Plus aucun humain n'avait connu la belle époque, la terre prospère, gigantesque, le monde tel qu'il était avant la catastrophe. Il commençait à devenir une légende, comme jadis le jardin d'Eden. L'église se vida encore, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus personne. J'ai arrêté de faire sonner les cloches. Elles ne signifiaient plus rien. Et je restais là, encore, à attendre que quelqu'un vienne. Albstraum comptait encore quelques croyants, mais ils préféraient faire leurs cultes chez eux. Je suis devenu le fantôme de l'église, son protecteur. J'ai haï les jeunes humains qui venaient pour y échanger drogues et monnaies illégales, ceux qui se perdaient, les pauvres qui venaient y dormir. Ils furent mes victimes. Je rassasiais mon besoin de sang en m'en prenant à ceux qui osaient venir ici et je m'en débarrassais plus loin pour qu'on ne fasse pas le lien. Mon église ne devait pas devenir un squatt à clochards.

    A m'être habitué à la solitude, je fus étonné de trouver quelqu'un un soir, en arrivant à l'église. Ils étaient même deux. Deux êtres à l'allure étrange qui ne semblaient ni être tout à fait vampires, ni être humains. L'un d'entre eux avait des allures de plante, les doigts en bourgeon, les cheveux en liane. L'autre avait de longues cornes blanches partant de part et d'autre de sa tête, et une queue touffue et blanche. Du temps de l'ancien monde, on aurait pu croiser les même spécimens à carnaval. Mais ceux là n'étaient pas déguisés.

    Ils m'ont expliqué à leur manière qui ils étaient, et ce qu'étaient les prophètes. C'est ainsi que j'ai appris leur existence et celle de Last Eden. Mais ils se trompaient de dieu, je leur ai dit. Ils ne croyaient pas en toi. Ils croyaient en la terre, ta création. Ils pensaient qu'elle était vivante, et qu'elle prenait les décisions. Ça n'avait aucun sens. Je leur ai dit aussi. La terre n'aurait pas choisi de s'autodétruire, quelques siècles plus tôt. Ils étaient jeunes, bien plus que moi. Ils n'avaient pas connu la grande terre, seulement ce bout d'île artificielle. Et ils voulaient lui donner une âme.
    Mais ils m'ont chassé. De ma propre église. Ils disaient qu'elle allait être leur lieu de réunion dans la ville. Que de toute manière, plus personne ne croyait en mon Dieu. En toi. Le pire, c'est qu'ils n'avaient pas tout à fait tort. Je dus partir, laisser derrière moi ce qui me raccrochais à l'ancien monde. Laisser le bas de la ville et remonter dans ses hauteurs, dans mon appartement du 30ème étage.

    C'est en constatant avec dépit que plus personne ne croyait en toi, et après avoir vu qu'ils ne connaissaient rien de l'ancien monde que j'ai décidé de devenir enseignant. Ma contribution pour sauvegarder une partie de notre culture. J'ai regroupé une classe d'une douzaine d'élèves, et je leur ai enseigné tout ce que je savais de notre monde, bien au delà de mes propres convictions. Mon salon est devenu salle de classe et petite église pour ceux qui s'intéressaient à ces anciennes croyances.

    J'ai longtemps enseigné. C'est quelque chose que j'ai beaucoup aimé, presque autant qu'être prêtre. J'ai continué à me rendre à l'église, en guettant l'arrivée des prophètes. Mon salon ne pouvait remplacer l'atmosphère de ces vieilles pierres. Avec le temps, elle s'est délabrée. Je n'ai pas essayé de la sauvegarder. La voir s’abîmer, c'était avoir un moyen de compter le temps qui passe.

    Mon compte bancaire s'est amaigri, et j'ai fini par me lasser de faire classe. Ça ne rapportait rien, et j'avais besoin d'argent. Alors j'ai recommencé les arnaques, laissant de côté l'enseignement. Je suis allé au plus simple. J'ai vendu du rêve aux humains, j'ai vendu mon sang. Je leur ai proposé de les transformer contre une somme mirobolante. La plupart des humains s'opposaient aux vampires, et préféraient mourir que de finir comme eux. La plupart, mais pas tous. J'ai trouvé les désespérés, ceux qui avaient peur de la mort et qui aspiraient à une vie meilleur. J'en ai fait mes infants, et je les ai abandonnés dès leur première nuit, les laissant à leur sort. Je ne voulais pas de compagnie, seulement de l'argent. Je les ai transformés sous ton regard, dans la crypte de cette église abandonnée. Une transformation me permettait de vivre tranquillement pendant quelques temps. Suffisamment pour que ma prochaine victime ne rassemble les sous nécessaires à sa transformation. Les personnes solitaires, sans proches, je les tuais simplement en leur promettant une vie de rêve. Je les envoyais directement voir du côté de la véritable vie éternelle, loin d'Albstraum.

    La milice a fini par me retrouver. J'avais fait cinq infants. C'était interdit. Albstraum, c'était petit. Pas comme le reste du monde, où je pouvais fuir et changer de nom pour échapper au pire. J'ai été jeté en prison. Séparé de mes effets personnels, de mon église, de ma bible. Je n'ai eu le droit de garder que mon vieux chapelet, acheté rapidement dans une boutique religieuse avant de partir à Albstraum. Plus que le traitement subi, le plus difficile à Aanor fut de ne pas pouvoir aller à l'église. Je m'adressais à toi de ma cellule, avec la conviction que mes mots ne pouvaient pas te parvenir. J'étais comme un drogué à qui on supprime les vivres. Je me suis retrouvé seul, face à moi même et face à tous les dangereux criminels d'Aanor. J'y ai retrouvé certains de mes profils passés.

    Je ne saurais dire depuis combien de temps je suis là. Les jours paraissent terriblement longs sans aucun repère et sans occupation. J'ai eu bien trop de temps pour penser, pour ressasser tout ce qu'avait été ma vie. Mais j'ai fini par récupérer ma bible, après des années de bon comportement. Et j'en ai profité pour y coucher cette histoire, mon histoire. Ça m'occupe. J'ai toujours aimé écrire entre les lignes des psaumes, et mêler ma vie à celle de ces hommes sacrés. Ça fait plus de 500 ans que j'ai quitté l'ancien monde, et pourtant, je n'ai pas oublié ma vie d'antan. Albstraum est devenu mon monde, mais ça n'est pas celui qui m'a vu naître. J'attends toujours la véritable apocalypse.



Judey a quitté la prison d'Aanor il y a 3 ans. Toujours privé de ses droits vampiriques, il est à présent un paria. Il remonte parfois en ville pour retourner à l'église, le plus souvent déserte. Malgré les années, sa foi est restée la même. Mais s'il tente de prêcher la bonne parole, il est aussi redevenu arnaqueur, pour sa propre survie. Selon les jours, il aide les autres ou bien les rejette. Il aimerait redevenir citoyen d'Albstraum, mais sait que pour cela, il lui faudra changer d'identité, ce qu'il n'est pas encore parvenu à faire. C'est devenu bien plus difficile que dans l'ancien monde.



° Famille : Plus aucune

† POUVOIRS †

Ah, tu t'es bien moqué de moi sur ce coup là aussi. Mais je suis sûr qu'un jour, je trouverais une utilité au pouvoir que tu m'as confié.

° Votre Pouvoir : Contrôle de l'eau
- - -Utilisation force Minimale : Peut transformer une coupe d'eau en vin, en poison, en sang ou la rendre solide (glace)
- - -Utilisation force Moyenne : Peut transformer l'équivalent d'une dizaine de litres d'eau en vin, poison, sang, autres, ou la rendre solide pendant une heure ou jusqu'à absorption.
- - -Utilisation force Maximale : Peut transformer une étendue d'eau plus importante pendant plusieurs heures.

† DERRIÈRE L'ÉCRAN †


* Votre présence sur le forum sera : Aussi régulière que possible
* Votre avis sur le forum : J'en suis a mon deuxième perso. A priori c'est positif.
* Autre forum fréquenté : Belmonte
* Niveau de jeu : Dépend de mon inspiration.
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MessageSujet: Re: Judey L. Patmos   Judey L. Patmos EmptyDim 1 Mai - 14:49

Fiche terminée.

Je me suis permis d'utiliser des éléments d'AH. Si ça gène bah.. je changerais.
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MessageSujet: Re: Judey L. Patmos   Judey L. Patmos EmptyDim 1 Mai - 18:40

*Fixe intensément*

Louis Herzog............. '_' Lou-louuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu *ZBAF*
Dis-moi si tu es Lyc', je te saute dessus dans les règles.

Sinon la fiche est d'enfer, très bonne histoire, avec Louis en plus, comme le cadeau bonus des paquets de céréale.
Elle est donc validée. Au passage, je suis fan du pouvoir.

Ton total de points de Sang au démarrage : 100 pts.

Citation :
Coûts en Points de sang du pouvoir :

Utilisation force Minimale : 10 pts de Sang.
Utilisation force Moyenne : 30 pts de Sang.
Utilisation force Optimale : 65 pts de Sang.
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MessageSujet: Re: Judey L. Patmos   Judey L. Patmos EmptyDim 1 Mai - 18:41

Lyc si c'est toi bienvenue. Si ce n'est pas toi, bienvenue aussi. '___'

Et dis à Monsieur V. qui tu es sur Belmonte, sinon je te lance mon allemand.
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MessageSujet: Re: Judey L. Patmos   Judey L. Patmos EmptyDim 1 Mai - 20:07

* S’éclaircit la gorge* Je ne connais personne du nom de Louis, vous devez faire erreur...

Oui c'est moi Lyc '__' Je vole pas les persos seulement les sous et les identités.

Et euh.. merci =)
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MessageSujet: Re: Judey L. Patmos   Judey L. Patmos EmptyDim 1 Mai - 20:21

Je suis super contente que tu sois là en tout cas ! Ca fait plaisir de voir Louis même si Garance a mal fini ->

Lula veut absolument savoir qui tu joue sur Belmonte x)
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MessageSujet: Re: Judey L. Patmos   Judey L. Patmos EmptyDim 1 Mai - 20:33

Il s'est peut-être sauvé avant la fin du monde. Ou non. Qui sait? ->

Je ne joue pas beaucoup sur Belmonte. Je joue Rita Spinoso.
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MessageSujet: Re: Judey L. Patmos   Judey L. Patmos EmptyDim 1 Mai - 20:36

"encore un parasite de la société" dixit ma femme XDDDDDDD

Contente de te revoir en tout cas <3 Je suis bien contente ^_^ (et qui sait, pour Garance, si j'avais moins de persos... x))
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MessageSujet: Re: Judey L. Patmos   Judey L. Patmos EmptyDim 1 Mai - 20:52

Oui, c'est un peu ça x)

Ça fait plaisir d'être bien accueillie =)
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MessageSujet: Re: Judey L. Patmos   Judey L. Patmos EmptyDim 1 Mai - 20:54

Bah c'est normal non :01 ? Tu me connais, je mange pas les membres !

Mais bref bref, aller, stop flood en fiche *s'auto-modère, c'est beau*
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